Archives de catégorie : Historique

Max – Sarah COHEN-SCALI


Livre qui patiente dans ma PAL depuis un moment.


Roman / 26 juillet 2023


On suit Max, baptisé Konrad de la veille de sa naissance à ses 9 ans 1/2.
Max est le premier né du programme « Lebensborn » initié par Himmler.

Sarah Cohen-Scali est née en 1958, elle vit à Paris.
Après ses études de lettres, de philosophie et d’art dramatique, elle s’est finalement consacrée à la littérature.
Elle a écrit une quarantaine de romans et de nouvelles.

Son domaine de prédilection est le roman noir.

Un livre percutant, dérangeant et original.

La parole est donnée à un enfant la veille de sa naissance que l’on va suivre jusqu’à ses 9 ans et demi.
Il s’agit du premier né du programme de « Lebensborn » initié par Himmler qui lui conférera une place privilégiée.

J’ai assisté à la puissance de l’endoctrinement, au formatage des enfants et l’impact de la propagande.
Un enfant bercé d’illusions dès son plus jeune âge et convaincu du bien fondé de l’éducation donnée aux jeunes enfants aryens.
Au contact de Lukas ses convictions vont progressivement s’effriter.

Un roman glaçant basé sur des faits réels.


Les +

*L’écriture est fluide et très agréable.

*Le personnage de Max est à la fois terrible et malgré tout il ne faut pas oublier qu’il reste un enfant endoctriné.

Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d’aimer. Je combattrai au lieu de prier. Oh ! mon Fürher, je ne veux pas te décevoir !Je ne te décevrai pas !

*Le roman est inspiré de faits réels, le programme « Lebensborn » aurait fait naitre 8000 enfants fabriqués sur mesure et comme l’Allemagne devait être peuplée rapidement 200.000 enfants (slaves, polonais) seront enlevés à leur famille et germanisés dans des écoles spéciales.

*Le personnage principal s’exprime à la première personne ce qui lui confère une proximité particulière.

Les –

Aucun.

Puissance de l’endoctrinement

Note

Femme qui court

Gérard De Cortanze
(Editions Albin Michel / janvier 2019)


L’envie de rencontrer une femme d’exception Violette Morris.


Roman historique / 20 mars 2023


Née en 1893 dans une famille bourgeoise, Violette sera rejeté par ses parents et placée à l’âge de 17 ans dans un couvent. Elle y découvrira le sport qui deviendra son exutoire. Elle excellera dans de nombreuses disciplines sportives et deviendra l’une des sportives françaises les plus titrées.

Né à Paris en1948, descendant d’une illustre famille aristocratique, Gérard René Michel Roero De Cortanze est écrivain, essayiste, dramaturge, traducteur et critique littéraire français.
Il a publié 90 livres traduits en 25 langues.
En 2002, il a obtenu le prix Renaudot avec « Assam ».
Prix Historia également pour ce roman « Femme qui court ».

Ce personnage exerce de la fascination chez moi.
J’ai vraiment aimé côtoyer cette femme scandaleuse, audacieuse, atypique et amoureuse.
J’ai découvert son parcours, une des sportives françaises les plus titrées, elle battra des records nationaux et mondiaux alors qu’elle reste encore méconnue.
Elle suscite de nombreuses émotions . Elle est à la fois touchante car durant toute sa vie elle sera en quête de reconnaissance. Elle peut être agaçante par ses comportements.

Violette restera une femme déterminée et courageuse qui repoussera sans cesse ses limites, se surpassera pour atteindre des records parfois supérieur à ceux des hommes. Sa devise étant « Ce qu’un homme fait, Violette peut le faire ».


Elle est sans doute née trop tôt , elle était en avance sur son temps.
Amie de Marais et de Cocteau, elle a été la maitresse de Joséphine Baker et de l’actrice Yvonne de Bray.
Elle deviendra en 1930, espionne au service du Reich et auxiliaire zélée de la Gestapo française ce qui va annuler tous ces titres.
Elle finira abattue à l’âge de 51 ans.

Violette restera une icône féministe !


Les +

*Une des françaises les plus titrées : aucune discipline sportive ne lui résiste (athlétisme, natation, boxe, course automobile, lancé de javelot, cyclisme, football,..).

*Son tempérament extrême, elle ira jusqu’à se faire une ablation des seins car sa poitrine la gênait pour la course automobile !
Elle refuse tout compromis, entière.
Une femme qui s’est battue pour vivre libre.

*Le livre est très documenté. L’auteur a fait le choix de réhabiliter Violette Morris en s’attardant sur les années de formation en tant qu’athlète et à ses années folles d’avant guerre.

Les –

*Il est très difficile de trouver des documents concernant Violette. Plusieurs hypothèses sur sa mort sont évoquées : assassinat par le Gestapo ou Alain Boulin aurait envoyé Violette se faire tuer à sa place sachant qu’il était la cible du maquis Normand.

*Cette femme donne le tournis, impossible pour elle de pouvoir s’arrêter, elle doit toujours se lancer des défis. Mais pour qui ? Pour quoi ?

Violette Morris une femme d’exception

Note

Femmes bourreaux

Barbara Necek
(Editions Grasset / octobre 2022)


Un sujet méconnu, la place des femmes sous le régime nazi.


Historique / 15 mars 2023


Dans l’imaginaire collectif, le parti nationaliste est associé à un monde d’homme ou le SS règne en maître, pourtant 10 % des femmes ont joué ce rôle également.
Parmi les plus connues on retrouvera Maria Mandl, Johanna Langefeld et Irma Grese.

Née en Autriche, elle vit en France depuis 1994.
Barbara Necek est journaliste et réalisatrice de documentaires sur des thèmes historiques.
Spécialisée dans l’histoire du nazisme et le travail de mémoire.
Son film « Les résistants de Mauthausen » a reçu un prix.
« Femmes bourreaux » est son premier livre.

J’ai contacté plusieurs émotions à la lecture de ce livre. Un sentiment d’incompréhension face à la brutalité qui animait ces gardiennes de camp, une véritable escalade dans l’abject. Même sentiment quand au fait qu’aucune n’ai manifesté de remords.
Un sentiment d’injustice car très peu d’entre elles ont été condamnées, la plupart n’ont jamais été retrouvées.

Le sujet encore méconnu de la place des femmes et les postes qu’elles occupaient à cette période est admirablement traité et documenté. Je suis admirative de ce long travail de recherche de l’auteure.

J’ai découvert des évènements qui m’étaient totalement inconnus comme la fameuse fête de la moisson « Erntefest » le 3 novembre 1943 où 18.000 juifs ont été exécutés en une seule journée.
J’ai pris conscience du profils des femmes qui postulaient à ces postes, l’évolution des camps et de la violence qui y était pratiquée.

J’ai eut parfois du mal à soutenir certains passages ( l’utilisation des cendres des cadavres des chambres à gaz pour les potagers des gradés, le lancer de nourrissons pour le tir aux pigeons, la fête de la moisson,..).

Une question me taraude, comment des femmes ordinaires ont pu se transformer en bourreaux ?


Les +

*Ouvrage très documenté, une mine d’informations qui donne des éclairages sur l’évolution des camps, l’ampleur de l’horreur.

*Sujet inédit qui se focalise sur la place qu’occupe les femmes à cette période et les différents postes qu’elles occupaient (secrétaires, infirmières, gardiennes de camp). Chacune participera aux sélections des femmes et des enfants.
J’ai pris conscience de leurs profils, la place prépondérante qu’on va leur donner qui les valorisera aux yeux de ce régime.

*Découverte d’évènements étaient méconnus pour moi comme la fameuse fête de la moisson « Erntefest » le 3 novembre 1943 où 18.000 juifs ont été exécutés en une seule journée.

*La plume de l’auteure est fluide, les chapitres sont précis selon les différents lieux évoqués. Le lecteur à une visibilité sur l’évolution progressive des camps, le perfectionnement des techniques de torture et de violence, une escalade d’actes abjects.

Les –

Livre plutôt documenté, j’ai une préférence pour les romans inspirés de faits réels.
Je vais marquer une pause concernant les lectures de cette période, les faits sont si glaçants qu’il faut du temps entre deux lectures.

Devoir de mémoire

Note

La femme de l’officier

Debbie RIX
(Editions City / novembre 2022)


Livre qui était dans ma PAL et qui comprends le mot « femme » dans son titre pour mon défi du mois de mars.


Roman historique / 10 mars 2023


Un mariage heureux pour Annaliese et son mari Hans médecin, jusqu’à ce que son mari soit recruté par Himmler au camp de Dachau. Il sera de moins en moins présent, s’enfermera dans le silence et deviendra plus irritable.
Annaliese découvrira par l’intermédiaire du jardinier esclave, la vérité sur le camp de Dachau.
Sasha, le fils d’Annaliese naîtra durant cette période de seconde guerre.

Debbie Rix habite à la campagne dans le Kent avec son mari journaliste et leurs enfants.
Elle a débuté sa carrière dans la BBC en tant que speakerine. Elle est aujourd’hui journaliste et auteure de romans historiques.
Elle est grande amatrice de l’Italie.

Une romance agréable mais sans plus.
Il m’a manqué de l’émotion, j’ai trouvé le personnage d’Annaliese trop superficiel.
J’ai appris des faits historique comme le fait que Dachau a été le premier camp à se spécialiser dans les expérimentations médicales en utilisant les prisonniers comme cobayes.
Le fait que le roman soit inspirés de faits réels le rends plus crédible.
Les secrets de famille évoqués concernant les relations adultères de femmes avec des prisonniers esclaves qui étaient employés dans les familles bourgeoises sont intéressants et permettront les deux dernières années avant la mort de sa mère d’avoir des éléments concernant sa conception.

Une période qui restera marquée à jamais dans les mémoires et où chacun a fait ce qu’il a pu pour survivre.



Les +

*Le livre se découpe en 4 chapitres distincts (avant-guerre, guerre, après-guerre et révélation), ce qui permet d’avoir un déroulé complet des évènements.

*Les expériences menées à Dachau sont évoquées (immersion en eau gelée, lutte contre la malaria, mescaline ou sérum de vérité). Le camp de Dachau a été le premier camp à se spécialiser dans l’expérimentation médicale.

*Le personnage de Hans suscite des questionnements. Un homme qui au départ avait l’intention de servir l’humanité qui se retrouve prit au piège d’un système, terrorisé par les menaces déguisées d’Himmler et qui finira par se convaincre du bien fondé de ses expériences. Il se retrouvera bien seul à vouloir protéger sa femme qui se retrouvera avec un mari dépressif et aigri.
Un homme qui pour supporter l’horreur se retrouvera dans une forme de dissociation traumatique.

*Le fait que le roman soit inspiré de faits réels est un plus. L’auteur à la fin du livre donne des précisions sur les personnages ayant existés et la fiction. On y apprends que le Dr Rascher et sa femme Karoline ont enlevés des enfants pour plaire au régime et que le Dr Hans était en réalité le Dr Kurt Plötner.

Les –

*Je n’ai pas été touchée comme je m’y attendais, l’écriture est trop superficielle, les personnages manquent de profondeur pour moi.

*Le personnage d’Annaliese, sa naïveté, sa focalisation sur ses états d’âmes et sa quête amoureuse ont un côté indécent par rapport au contexte et ce qui se passait à cette période dans les camps de concentration.
L’auteure en note à la fin du roman explique que la naïveté du personnage lui a permit d’accepter qu’une femme reste avec son mari médecin à Dachau uniquement en ne sachant pas ce qu’il y faisait.

Romance durant la seconde guerre

Note

Ces médecins qui ont résisté (1940-1945)

Cécile Tartakovsky
(Edition Flammarion / octobre 2022)


Poursuivre mon objectif de lecture sur seconde guerre pour 2023 + devoir de mémoire


Roman historique / 4 février 2023


L’auteure a enquêté auprès des proches de ces médecins (enfants, petits enfants, historiens, survivants) afin de nous livrer une partie de l’histoire assez méconnue : celle de médecins qui ont résisté chacun à leurs manières et souvent au péril de leurs vies.

Cécile Tartakovsky est journaliste et réalisatrice. Elle présente des documentaires pour France Télévisions en racontant la société et des pans d’histoire oubliés.

Ce livre est très documenté et la prouesse de l’auteure a été de le rendre très digeste.
J’ai appris énormément à la lecture de ce livre qui se décline en 4 chapitres. J’ai pris conscience de la chronologie des évènements, la place de l’antisémitisme qui était déjà présent sous le régime de Pétain (loi d’exclusion d’août 1940), bien avant que la pression allemande s’intensifie.
L’auteure rends compte progressivement de l’étau qui se resserre auprès des médecins juifs qui perdaient leurs droits d’exercer et progressivement la machine allemande broiera tout sur son passage.
Je suis admirative de toutes les stratégies de résistance utilisées pour contrer ce système, de la diffusion de tracts aux interventions sur le terrain dans des conditions extrêmes avec peu de moyens.
J’ai été très touchée par ces hommes et ces femmes d’exception dont certains ont trouvé la mort en incarnant jusqu’au bout leurs croyances.
Ce livre est un véritable hymne au courage.


Les +

*Les différents personnages cités et leurs implications ( notamment petit fils de Louis Pasteur : Louis Pasteur Vallery-Radot, Robert Debré, Odette Rosenstock, Colette Brull-Ulmann, Alec Prochiantz, Marinette Menut…).
Il est difficile d’en extraire un plutôt qu’un autre car chacun a contribué à des actes de résistance au sein de ce vaste réseau qui s’est constitué.

*La construction du livre en 4 chapitres respecte la chronologie de 1940 à 1945 avec une répression qui ne cesse de s’amplifier. Il n’y aura plus un seul endroit en France où les juifs seront en sécurité. Les allemands acculés redoubleront de férocité avant la libération.

*Une mine d’informations qui ont largement complété mes connaissances tout en préservant une lecture très agréable.
– Loi d’exclusion d’août 1940 concernant le cursus médical des juifs roumains qui avait un accord avec la France et qui signait déjà le départ de l’antisémitisme car les médecins français craignaient une paupérisation de leur profession, le chômage et une « invasion de métèques ».
– Naissance de l’ordre des médecins en 1940 sous le régime de Vichy, Pétain mettra à l’honneur les médecins en favorisant leur autonomie professionnelle.
– L’offense ultime demandée par les allemands à savoir l’obligation de dénonciation qui annulerait le secret médical. Ce fut la demande de trop pour les médecins.

* Les chiffres :
165 médecins fusillés pour ne pas avoir dénoncé les blessés,
1000 médecins sur 2700 sont entrés dans la Résistance.

Les –

Je n’en ai pas trouvé.

Hommage à des hommes et des femmes d’exception

Note