Archives de catégorie : Contemporain

Les heures errantes – Fabrice CAUSAPE


Envoi de l’auteur. Toujours ravie de soutenir les romans auto édités.


Thriller / 23 mai 2023


Valéry Cazalis fera le choix d’appartenir aux collabo plutôt qu’aux résistants.
Un statut qu’il qualifie « d’intense, je ne regrette rien ».

Fabrice Causapé est un auteur français né en 1983.
Il vit dans le sud ouest de la France où il exerce le métier de conseiller funéraire.
Inspiré par l’affranchissement des limites, la subversion de tout ce qui peut permettre une compréhension profonde du monde de l’Homme.

Un roman noir, dérangeant, perturbant, ce qui est annoncer par l’auteur « mon écriture a pour ambition d’être un électrochoc, de provoquer des émotions et de réveiller des consciences ».

En tant que lectrice, j’assistais à l’escalade de la violence de Valéry.
La redondance des scènes de torture et le détachement apporté dans le discours du protagoniste en fait un levier encore plus puissant dans la décadence de cet homme.

La construction du livre et les chapitres concernant l’enfance de Valéry, les brimades, les humiliations, les injustices vont crée le terreau où la haine va germer jusqu’à pouvoir se concrétiser.
La sensation de Valéry de toute puissance lorsqu’il devient tortionnaire, la jouissance qu’il éprouve et le sentiment d’invincibilité sont très bien décrit par l’auteur.

La lecture pose la question de savoir si Valéry aurait choisit un autre chemin si son enfance avait été différente ?



Les +

*Plume incisive et brute.

*L’auteur bouscule le lecteur, le déstabilise dans la provocation.

*Apport d’éléments de compréhension concernant l’enfance de Valéry et ce qui pourrait d’une certaine manière expliquer ses choix.

Les –

*Les tortures sont un peu répétitives, certains passages un peu long car énumérations mais certainement voulu par l’auteur pour accentuer la froideur.

Choisir son camp

Note

Je suis la maman du bourreau – David LELAIT-HELO


Très intriguée par le titre et le ressenti que peut éprouver une mère.


Contemporain / 29 avril 2023


Jusqu’où peut aller une mère qui découvrira que le fils qu’elle idolâtrait est un monstre ?
De son statut de bourgeoise, elle passera au statut de maman de bourreau.


David Lelait-Helo est né à Orléans en 1971.
Il a fait des études de littérature et de civilisations hispaniques, il enseigne l’espagnol.
En janvier 1997, il publiera son premier ouvrage.
Il délaissera l’enseignement pour faire ses débuts de journaliste.
En 2001, il deviendra responsable des pages people.
Ses romans sont publiés en format poche.

Un livre qui m’a énormément touché.
Cette mère qui s’était construite des fondations solides à travers sa foi va se retrouver anéantie suite aux révélations qui lui seront faites.
En tant que mère je me suis imaginés quel bouleversement ce doit être d’être confrontée à une telle situation.

Le parallèle entre les deux discours celui de la mère et celui de la victime est très intéressant.
Les mots utilisés sont justes, le sujet est bien traité.
La réalité est très bien retranscrite et l’attitude de l’église également qui bien souvent propose le pardon mais le pardon à ses limites.


Les +

*Les deux discours que l’on côtoie dans le livre : celui de la mère qui découvre que son fils est un prédateur et celui de la victime qui dévoile ses souffrances depuis ses agressions.

*Une plume d’une justesse incroyable, les émotions sont retranscrites à la perfection, un vrai travail d’orfèvre !

*Un sujet délicat traité avec beaucoup de crédibilité.

Les –

Aucun points négatifs.

La pédophilie au sein de l’église

Note

La femme muette

Mathieu ALBAIZETA
(Editions des lacs / mars 2015 )


Repéré en librairie, acheté par curiosité. La couverture m’a interpellé.


Contemporain / 17 mars 2023


Le 17 juin 2013, Stéphane Richard reste à la tête d’Orange le parti socialiste essuie une nouvelle défaite à l’élection partielle de Villeneuve, tandis que Louise Andrieu est retrouvée morte à son domicile. C’est son mari qui donnera l’alerte.
Plonger dans les abîmes d’une vie subie dans laquelle le silence est assourdissant.

Mathieu Albaïzeta est né en 1982.
Il a été lauréat du prix du talent littéraire du CDS Société Générale de Marseille en 2021 avec ce roman.
Il a fait des études scientifiques.
Auteur de plusieurs recueils de poèmes et de romans.

Le roman démarre d’emblée par le mari qui alerte la police en retrouvant sa femme morte au bas des escaliers.
Une lecture bouleversante pour moi qui malheureusement témoigne d’une réalité encore bien trop fréquente concernant les féminicides.
110 femmes tuées en 2022 sous les coups de leurs compagnons ou ex-compagnons

La plume de M. A. est magnifique, d’une sensibilité et d’une subtilité incroyable !
J’ai été touchée par le journal intime que tenait Louise ainsi que les poèmes qui expriment si justement le ressenti de cette femme maltraitée.
le processus d’emprise y est très bien décrit, Louise passe de la sidération à la résignation.

L’auteur à travers ce livre se veux le porte parole de toutes ces femmes muettes.
Une magnifique lecture.


Les +

*Une plume magnifique, d’une sensibilité et d’une subtilité incroyable ! La poésie intégrée dans le roman lui apporte un plus dans sa beauté !

*Le personnage de Louise qui tout le long souhaite préserver ses enfants afin de ne pas parasité leurs avenirs et ne pas leur faire porté ce fardeau de la maltraitance. Le journal qu’elle tiendra permettra à sa fille de comprendre que sa chute n’était pas accidentelle.

*Les violences conjugales dont on prends pleinement conscience à la lecture de ce livre. Ce couple Louise et René chez lequel la violence insidieuse et pernicieuse va conduire au décès tragique de Louise.

*Le magnifique journal intime de Louise avec des mots si justes, profonds et percutants.

Je compte les heures
Le mal au bout de ses doigts
Le printemps de l’ultime malheur
Tu as le diable en toi
La vie me transforme en miettes
Je suis la femme muette

Les –

Je n’en trouve pas, ce roman est une petite pépite !

Combien de Louise encore ?

Note

Les femmes du bout du monde

Mélissa Da Costa
(Editions Albin Michel / mars 2023)


J’ai lu tous les livres de Mélissa, donc aucune raison que je me prive !


Contemporain / 8 mars 2023


Embarquement immédiat pour la Nouvelle Zélande. Le voyage vous fera découvrir les arbres tordus de Slope Point, les manchots aux yeux jaunes, les hoios, les kiwis, les wékas, le pohutukawa et bien d’autres merveilles. Alors vous êtes prêts à découvrir cette destination ? Vous serez accueillis par trois femmes dans un camping au bout du monde.

Mélissa Da Costa est née en 1970, c’est une romancière française, autrice de best-sellers.
Elle écrit depuis petite mais ne se sentait pas légitime de devenir écrivain. A fait des études d’économie et occupera un emploi en tant que chargée de communication.
Dépose en 2018 un roman sur une plateforme numérique d’autoédition le livre « tout le bleu du ciel », elle sera repérée et publiée.
Ses romans figurent dans le top 10 des livres les plus vendus en 2021.

Comment parler de cette lecture et utiliser les mots adéquats ?
Un roman qui symbolise la sororité, une ode aux femmes bienvenue au vu du mois de sa sortie en lien avec la journée internationale du droit des femmes.
Le portrait de trois femmes si différentes et pourtant si complémentaires auxquelles je me suis attachée.
Le voyage en nouvelle Zélande est immersif et contemplatif, un vrai bonheur.

J’ai ressenti beaucoup d’émotion à la lecture des lettres écrites par Flore notamment et la scène avec les dauphins m’a ému au point de verser ma larme.

L’ histoire de trois femmes qui se réparent, qui se découvrent et qui apprennent à se réinventer tout en délicatesse.

Un livre emprunt de respect, d’amour et d’une infinie bienveillance.



Les +

*Le personnage de Flore : Est très touchant. Progressivement le lecteur découvrira l’amour toxique qui l’a conduit à se détruire. Envahie par la culpabilité, elle aura besoin de venir au bout du monde, s’épuiser à la tâche, contacter une nature brute et sauvage afin de trouver la rédemption.

*L’amour pur qui unit Flore et Milly est juste magnifique, emprunt d’une douceur et d’une bienveillance incroyable !

Toutes les deux fixent ce drôle de spectacle post-apocalyptique et elles songent, chacune en son for intérieur, que les arbres et les hommes c’est du pareil au même : ils poussent en fonction des bourrasques, ils s’inclinent, courbent l’échine, sacrifient un peu d’eux-mêmes pour résister aux vents violents, mais l’essentiel c’est qu’ils tiennent encore debout.

*Le fait qu’il n’y ai que trois personnages principaux rends l’attachement possible, c’est très agréable de cheminer avec ce trio féminin.

*L’incursion de la culture Maori avec la découverte de certaines légendes symboliques est très agréable. Un sujet en lien avec l’environnement et la préservation de certaines espèces en voie de disparition.

Les –

*J’ai trouvé le démarrage un peu long mais après quelques chapitres, plus moyen de le lâcher !

*Au vue du lieu magique, j’aurai aimé un tout petit peu plus de poésie encore.

Voyage au pays des femmes

Note

L’heure des femmes

Adèle BREAU
(Edition JC Lattès/ janvier 2023)


Influencée par tous les avis positifs sur Instagram.


Contemporain / 5 mars 2023


Menie Grégoire, mère de famille bourgeoise, décide à ses cinquante ans d’animer une émission radio sur RTL. Cette émission sera diffusée à l’heure de la sieste, horaire qi correspond le mieux aux disponibilités des femmes. Elle donnera la parole aux auditrices, balayera toutes les représentations sur de nombreux sujets : sexualité, contraception, avortement, orgasme…

Adèle Bréau est née en 1978.
Elle est auteure, journaliste et blogueuse française pour Terrafémina.
Elle est titulaire d’une maitrise en lettres modernes spécialisées à l’Université Paris Sorbonne.
Elle est la petite fille de la journaliste Menie Grégoire.
Elle intervient régulièrement comme journaliste pour les magasines gala, Au féminin et Marie-Claire.

Une lecture très agréable et une plume fluide.
Ce livre résonne en moi et fait émerger des souvenirs personnels, celui de ma mère qui écoutait son transistor au moment de l’émission de Menie.
J’ai découvert le véritable combat de Menie pour s’imposer à la radio en tant que femme et malgré les critiques quotidiennes. L’importance qu’elle a donné à toutes ces femmes en leur témoignant une écoute bienveillante et en étant la porte parole à travers certains courriers de questionnements communs.
Elle a grâce à ses interventions sur les ondes permit à toutes ces femmes de balayer les représentations et enfin s’émanciper.
J’ai apprécie le personnage de Menie dans sa détermination, son indépendance malgré les blessures de son enfance. Menie qui s’est autorisée à 50 ans à s’accomplir !


Les +

*Le personnage de Menie qui déjà très jeune était très déterminée, elle fait le choix de son prénom « Menie » qui veux dire Marie (son prénom) en Vendéens.
Une femme bourgeoise mais qui sait être à l’écoute des autres femmes, très avant-gardiste (permis de conduire, nombreux voyages).
Une femme dont le mari n’aura de cesse de l’encourager avec ses nombreuses fragilités que lui seul connait.

*Un vrai coup de coeur pour les personnages incarnés par Mireille et sa soeur Suzanne qui ont pu chacune réinventer leur quotidien.

*L’amour puissant et le respect du couple Menie et Roger, chacun gardant son indépendance malgré des carrières très différentes.

*La temporalité du roman sur trois volets ( Esther qui écrit l’histoire en 2021, La vie de Menie de son enfance à l’arrêt de l’émission de 1930 à 1981, Mireille et sa condition de 1968 à 1981).

Les –

*Le personnage de Menie qui m’a un tantinet soit peu agacée par son obsession des talons en toutes circonstances (même à la piscine), ses tenues hors de prix et ses soirées mondaines.

*Roman mêlé à de la fiction, j’ai trouvé presque dommage que la petite fille de Menie ne parte pas sur un témoignage réel de sa vie.

Menie Grégoire et la révolution féministe

Note

Ceci n’est pas un fait divers

Philippe BESSON
(Edition Julliard / janvier 2023)


Très impatiente de découvrir cet auteur au vue du nombre d’avis positifs.


Roman / 24 février 2023


Léa 13 ans appelle son frère Maxime de 19 ans, elle respire fort, un grand silence et une phrase glaçante « Papa a tué maman ».

Philippe Besson est né en 1967.
C’est un ancien directeur en ressources humaines en entreprise.
Il est écrivain, scénariste et dramaturge.
Son premier roman sera publié en 2021 « En l’absence des hommes ».
Son roman « Son frère » a été adapté au cinéma.
Ses romans sont traduit en 20 langues.

C’est ma première lecture de cet auteur et ce ne sera pas la dernière ! J’ai été littéralement sous le charme. Sa plume est délicate et extrêmement juste.
Comment mettre des mots sur l’indicible ? L’auteur nous entraîne dans une description des ressentis de Léa à travers le prisme de son frère. J’ai été entrainée dans cet abîme avec les protagonistes.
L’impact d’un tel traumatisme sur les enfants concernés est inimaginable, personne ne devrait avoir à subir un tel choc !


Un roman poignant inspiré de faits réels et traité d’une écriture de maître.


Les +

*L’écriture à la première personne du singulier sous le prisme de Maxime qui percute encore plus le lecteur. Une description des ressentis digne d’un travail d’orfèvre !

*Le cheminement des deux personnages qui est si touchante.
Maxime qui n’aura de cesse d’essayer de comprendre comment un tel drame à pu se produire ? Comment il n’a rien pu voir ? Il va abandonner tous ses projets professionnels afin de veiller sur sa soeur rongé par une forme de culpabilité.
Léa qui évoluera différemment car elle a été témoin direct de la scène.

*Les descriptions fournies concernant le traumatisme que je trouve extrêmement justes et précises, travaillant moi-même dans le psycho-traumatisme.

*L’aberration du système judiciaire qui permettrait encore à ce père assassin de conserver l’autorité parentale ! La justice nécessiterait un grand dépoussiérage de vieux textes toujours d’actualité.

Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d’une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l’aboutissement d’un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d’un meurtre mais de la volonté d’un homme d’affirmer son pouvoir, d’associer sa domination. Et de l’aveuglement de la société. Et de la peur de la nommer.

Les –

*J’aurai tant aimé cheminé encore avec Léa et Maxime, souhaité qu’il reprenne sa carrière mais le chemin est long et il fallait bien que le livre se termine))).

Le féminicide n’est pas un fait divers

Note